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Sacré et sauvage

Dernière mise à jour : 30 mars 2022

Il y a une essence centrale en chacun de nous, qui est indemne et à partir de laquelle la vie peut repousser, toujours.



Ma génération a grandi dans un monde où passer du temps en plein air faisait encore partie du quotidien et être en contact avec des écosystèmes naturels, même s’ils s’amenuisaient, restait facile. Nous avons également grandi avec l'industrie chimique s'infiltrant dans tous les objets, des meubles à la nourriture, des vêtements aux ustensiles, des bâtiments à la cosmétique. En même temps retentissaient les premières sonnettes d'alarme devant l’exploitation des forêts tropicales et la disparition de la faune sauvage.


Le monde se brisait et nous le savions.

Nous gardons en mémoire la sensation de tenir une grenouille dans nos mains, de caresser un hérisson, de marcher dans une couche profonde de feuilles d'automne ou de neige fraiche, de jouer dans un ruisseau.


Les générations suivantes savent que nous savons. Elles se tournent vers nous. Elles attendent que nous leur parlions de nos leçons durement acquises, mais aussi de notre espoir et de notre expérience de la transformation.


Depuis des décennies, de nombreuses crises ont fait la une de l'actualité, que ce soit dans le domaine environnemental, social ou économique, et en même temps de nombreuses luttes et initiatives ont vu le jour en de nombreux endroits et dans de nombreuses communautés sur la planète.


Face aux différentes menaces qui pèsent sur les populations et la biosphère, des jeunes et moins jeunes, sur tous les continents, appellent à une réponse collective : Greta Thunberg ou XR - extinction rébellion - sont parmi les plus connus et les plus médiatisés récemment, dans un mouvement ininterrompu depuis les années soixante.

Avec eux et avec la covid-19, le mal-aise est finalement devenu mondial. Nous sommes dans une période de dysfonctionnement global qui affecte toutes les couches et tous les aspects de la société, et il devient de plus en plus évident qu’il affecte la Vie elle-même.


Le changement profond de paradigmes et de pratiques que cela appelle est en cours aussi. Depuis le vingtième siècle, nous avons développé une compréhension et mis en œuvre des pratiques pour soigner une personne de ses comportements autodestructeurs et de ses enfermements. Maintenant, nous réalisons que ces dysfonctionnements existent au niveau collectif et que ce sont, comme au niveau individuel, des mécanismes de protection. Si les épisodes de "confinement" de 2020-2021 n’étaient donc autre qu’un enfermement ? Alors qu'il s'agissait initialement d'un état intérieur, d'une réponse de notre corps et de notre psyché à ce qui n'est pas regardable, pas supportable, ce comportement se manifeste maintenant à l'extérieur et de façon collective, sous forme de masques, de distance, de barrières, de surveillance et d’autres. Ce n’est qu’en les prenant pour ce qu’ils sont, à savoir une réponse à un traumatisme, que nous allons pouvoir enfin guérir de nos comportements autodestructeurs collectifs.


Tous ceux qui font un travail intérieur sont conscients de la signification symbolique plus profonde de nos défis, que ce soit en matière de santé ou de relations par exemple. Nous pourrions les appeler nos cauchemars de jour, en écho à nos cauchemars de nuit : un cauchemar étant une crise sans lyse, c’est-à-dire restée sans résolution, restauration, reconnexion...


Nous devons nous poser la question : Qu'est-ce qui a besoin d'être résolu, restauré, reconnecté, pour que la Vie puisse à nouveau s'épanouir ?

Les traumatismes de siècles et de siècles de guerres, de persécutions, d'oppression, etc., sont inscrits dans nos lignées et dans nos cellules. Même si nous ne les avons pas vécus nous-mêmes, des centaines de générations jusqu'à nos ancêtres les plus proches ont souffert tout cela. Nos systèmes familiaux et nos systèmes nerveux en portent encore la douleur, la peur, le geste de protection, fut-il déni ou impuissance.


Désormais, il est crucial de savoir que nous pouvons guérir. Il est crucial de savoir qu'il y a de l'espoir. Qu'il y a une essence centrale en chacun de nous, qui est indemne et à partir de laquelle la vie peut repousser, toujours. Notre corps, vivant et mourant, est de cette essence, et pas juste son « véhicule », comme souvent dit. Et grâce à notre corps, qui est Nature, sauvage et sacré, nous avons accès à une force de vie première, qui est inaltérée. Et tendre.


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